Lettre au fleuve Saint-Laurent
LETTRE AU FLEUVE SAINT-LAURENT
Fleuve de mes vacances d’été,
que j’aime ta bipolarité!
Temps calme ou agitation,
Souffle chaud ou grand frisson.
Au matin, quelle humeur
vas-tu m’imposer?
Air brumeux, ressac tapageur,
mer tranquille, horizon brouillé…
Prisonniers dans ton tombeau de brouillard,
se lamentent les navires.
Très souvent, dans le lointain blafard,
j’entends leurs cornes de brume mugir.
Trop intense à tes heures,
il t’arrive de ronger avec fougue le rivage.
Cher fleuve, je tolère tes sautes d’humeur,
mais non tes excès de rage.
Vivre le va-et-vient de tes marées,
au rythme des cycles lunaires,
c’est comme cela te côtoyer.
Rien n’est ordinaire.
Pour cette saison-ci, notre aventure est terminée.
Je retourne au centre-ville
où notre vie sera, le reste de l’année,
un long fleuve tranquille.
Texte et photo de Nicole Paquet
